Sur les 650 000 jeunes Français envoyés de force par les nazis pour travailler en Allemagne, 35 000 hommes mourront, 10 000 sous les bombardements de l’Allemagne par les alliés, mais ce que l’on sait moins est que 20 000 jeunes Français seront pendus par les Allemands !
Le 16 février 1943, le régime nazi impose à Vichy le transfert de tous les Français de 21 à 23 ans vers l’Allemagne, dans le cadre du Service du Travail Obligatoire. Les réfractaires s’avèrent, sans surprise, nombreux.
Dès le début de l’Occupation de la France, l’Allemagne met en place une exploitation organisée de l’économie française. Après les prélèvements financiers, agricoles et industriels, le Reich se tourne vers la main-d’œuvre française en vue de remplacer les ouvriers allemands envoyés au front.
Dans un premier temps, la population française est fortement incitée, par une importante campagne de propagande, à partir travailler volontairement dans l’agriculture et l’industrie allemande en échange d’une généreuse rémunération. Et si plus de 240 000 Français, parmi lesquels 70 000 femmes, se laissent séduire par cette proposition, ce nombre demeure toujours insuffisant pour pallier la pénurie de main-d’œuvre causée par la mobilisation et les importantes pertes humaines en Allemagne.
Fritz Sauckel, le commissaire général à la main-d’œuvre du Reich, exige alors expressément du gouvernement de Vichy qu’il lui fournisse 350 000 travailleurs qualifiés supplémentaires. Pour pouvoir répondre à ces exigences, l’État français organise la réquisition de la main-d’œuvre française.
Mais face aux trop nombreuses désertions, les mesures du gouvernement de Vichy à l’encontre des réfractaires se durcissent.
Les journaux, tout acquis à la cause de la « Révolution nationale », font écho des menaces qui pèsent sur ces jeunes. Au mois de juillet 1943, La Dépêche du Berry rapporte la décision d’accorder « une dernière chance » aux « réfractaires » d’aller se rendre par eux-mêmes aux autorités avant de faire l’objet d’une traque acharnée :
En 1944, face à la rébellion d’une grande proportion de la jeunesse vis-à-vis du STO, et pour continuer de répondre à la demande de main-d’œuvre de la part de l’Allemagne, l’État français élargit drastiquement le spectre des concernés par le STO. Dès lors, toute femme sans enfant âgée de 18 à 45 ans comme tout homme de 16 à 60 ans devient passible d’un séjour dans une usine ou un champ de l’autre côté du Rhin.
Dans toute la France, dans un contexte de débâcle militaire de l’Axe, d’importantes opérations policières ont lieu afin retrouver et punir les réfractaires au STO. De même, des rafles arbitraires de jeunes ouvriers envoyés dans divers camps de travail nazis ont lieu dans plusieurs villes de France.
Mais plus les mois passent et plus les réfractaires deviendront nombreux. Aussi les convois de jeunes travailleurs en direction de l’Allemagne bientôt vaincue diminueront progressivement jusqu’à la Libération à l’été 1944. Beaucoup de ces déserteurs, contraint de se cacher pour échapper à la police française, entreront alors en Résistance et dans le maquis.
À la fin de la guerre, on aura dénombré plus de 650 000 Français déportés de force en Allemagne dans le cadre du STO, à côté de quelque 200 000 « réfractaires ».